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The way of the Guns


Puisque nous arrivons dans ce moment précis de l’histoire où les armes anti-personnelles s’expriment à pleins poumons, autant nous intéresser à ce que j’envisage en matière de technologies guerrières.


Les vocabulaires de la science fiction sont multiples, et tous autant respectables les uns que les autres, pour peu que l’on souhaite donner de la crédibilité à ce que l’on met en scène dans un cadre narratif.


Pour commencer, on remarquera que le premier usage d’une arme, on le trouve en planche 8, 9, 10, et 11. Il s’agit bien sûr du missile portable multi-têtes et anti-aérien que j’ai dénommé « Aspic ». Son fonctionnement est très classique. Sa phase d’éjection du tube est déclenchée par l’usage d’amorces de cartouches de chasse, permettant l’usage de l’arme dans un milieu clos, puis, une fois le missile éloigné de quelques mètres de l’utilisateur, le propulseur se met en route, et l’autoguidage du missile fait le reste, aidé par l’illumination laser qu’a exécuté en amont le binôme de l’utilisateur dudit missile. Ce fonctionnement n’est en rien novateur, puisqu’il date du début des années 80 (encore elles !), et on trouve toujours cette technologie missilière sur des engins construits de nos jours.


Pour les armes de poing, et d’épaule, que l’on voit en action à partir des planches 20 et 21, je me suis posé des questions sur les projets d’armement élaborés dans certains laboratoires de recherche, et sur ce qu’espéraient créer les états majors pour équiper le fantassin au début des années 2000 (et donc, qu’on ne voit aujourd’hui que très peu, parce que 80% desdits projets ont été abandonnés).


Ce qu’il faut savoir, c’est que le premier souci du fantassin, lorsqu’il est en opération, c’est la gestion de ses munitions. Ainsi, dès la fin des années 80, les états-majors ont recherché des solutions pour améliorer les munitions tant dans leur efficacité létale, que dans l’intendance et le transport de ces dernières. De même, de nombreuses recherches ont été menées pour éviter des défauts techniques comme les enrayements des armes, causés par l’encrassement lié à l’usage de munitions à poudre.


Ainsi, dans un premier temps, certains industriels se sont penchés sur la conception d’une munition « à flèche » intégrée à la douille de la munition, afin de percer n’importe quel gilet pare-balle, ou n’importe quelle carrosserie d’un véhicule léger. Dans le même temps, d’autres se sont penchés sur des armements utilisant des munitions dites « Sans étui » ou « caseless ». On peut voir notamment l’une de ces armes dans le film « Demolition Man » ou la fameuse arme « à énergie » utilisée par Wesley Snipe n’est qu’en réalité un Heckler & Koch G11, tirant d’ordinaire cette fameuse munition sans étui, dont l’ogive est une aiguille pouvant percer une multitude de choses, qu’elles soient dures, ou molles.


Mais au final, la poudre restait le problème inhérent aux armements d’un personnel d’infanterie, encrassant toujours l’arme, et pouvant créer des dysfonctionnements plus ou moins graves. Pour tenter de contourner ce problème, plusieurs laboratoires et industriels on cherché des solutions permettant de s’affranchir du système chimique lié à la poudre. Aujourd’hui encore, les laboratoires travaillent sur des systèmes de propulsion d’une munition par effet magnétique. Le principe est simple : faire partir à une vitesse évaluée entre trois et huit fois la vitesse du son une aiguille de métal (tungstène ou acier, généralement) grâce à une accélération provoquée par des bobines magnétiques. Pour l’heure un tel armement n’est envisageable que sur des navires, ou tout autre espace permettant d’accueillir un tel équipement offensif, et surtout, lui garantissant l’énergie nécessaire pour assurer son fonctionnement.


Ceci étant dit, il faut se rappeler que j’ai créé, pour l’univers d’Hot Space, une rupture technologique liée à l’exploitation du Boson de Higgs permettant à l’humanité de défier les lois physiques, quantiques, astrophysiques, et... Énergétiques. Il est donc totalement concevable d’avoir conçu des armes individuelles, pas plus encombrantes que celles que nous connaissons aujourd’hui, permettant de tirer ce fameux projectile métallique grâce à une accélération magnétique.


Pourquoi ce choix ?


Nous sommes, après tout, dans un monde de Science Fiction, et on pourrait envisager l’usage d’armes énergétiques comme des lasers d’épaule, que l’on peut voir dans des œuvres comme Akira. Pour commencer, prendre des technologies contemporaines à notre monde actuel, comme le lance-missile dont je parlais plus haut, me permet de « fixer » l’imaginaire collectif sur le vocabulaire guerrier d’un armement... Le public « colle » tout de suite à une action dans laquelle les armes s’expriment. C’est important dans le sens où je souhaite entretenir l’action ; jamais le lecteur ne doit se poser la question « comment ça marche » lorsqu’on est au cœur d’un récit dans lequel les armes parlent.


Il est vrai que l’usage d’une arme énergétique est esthétiquement séduisant, mais il me pose plusieurs problèmes. Le premier est lié à la gestion de l’énergie : si j’envoie des fantassins sur un terrain d’opération avancé, et surtout très éloigné, il doit compter sur une source d’énergie fiable (les armes à énergie sont très gourmandes en usage continu), et sur armement permettant un usage par touts les temps (un laser dans une tempête de sable, sous une averse, ou dans la brume, aura une efficacité moindre). Autant compter sur une arme qui se sert, au final, de très peu d’énergie en continu, et surtout, qui dispose d’une munition standard que l’on peut trouver sur toutes les armes utilisant ce principe électromagnétique : ce qui fait la différence de portée, puissance, et précision, ce n’est, qu’au final, que la taille du canon (et le nombre de bobines magnétiques que peuvent emporter les armes).


De plus, si on souhaite garder une puissance graphique, il faudrait faire en sorte que les faisceaux des armes à énergie soient visibles, ce qui donne une information cruciale pour tout ennemi embusqué : il verra la position du tireur. Il va sans dire que si on peut créer des lasers invisibles, parce qu’exploitant le spectre infrarouge, par exemple, l’intérêt graphique sera moindre, et les scènes seront, dans les cases, beaucoup moins spectaculaires que ce que j’essaie de créer à travers mes planches. Si les armes à énergie ne sont pas exclues de l’univers d’Hot Space, je les utiliserai donc avec parcimonie, et surtout, si leur usage m’apporte quelque chose d’important dans la narration.


Et puis, si on peut compter sur une source d’énergie quasiment inépuisable, le narrateur, lui, aimerait pouvoir compter sur le fait qu’une arme puisse tomber à court de munitions... C’est très pratique pour entretenir le suspens.

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